31 mars 2008
Wade le diable, Karim Spiderman
Wade, le diable, Karim
et Spiderman
Wade a cote de son ombre: Karim Wade.
C’est-à-dire une version sénégalaise du royaume: adaptation socialement
coûteuse ; recul des services publics; maintien de quelques morceaux d’un État
social progressivement affaibli; productivisme économiquement funeste à peine
ralenti par un vague discours sur le "développement durable";
renforcement de l’arsenal répressif pour traiter les problèmes sociaux.
Davantage entrepreneur politique qu’idéologue, Wade et son fils sont parti à la
conquête de "segments du marché électoral" assez diversifiés, voire
contradictoires (mouride, tidjane, esprit cartésien, chrétiens.) Grâce à des
discours à géométrie variable. Par exemple, tout en ayant ses appuis les plus
proches du côté des mourides, Wade puise une part importante de son ancrage
électoral au sein d’une population rurale, dont il abreuve de promesse de tout
genre.
A l’autre bord, un produit royalement
conforme mais un temps auréolé de "nouveauté" a été lancé sur le
marché électoral par l’industrie de la famille wadenne et avalisé sans broncher par un pds liquéfié
dans un troupeau de moutons de panurge. Spiderman, pardon, Karim est entrain de
séduire la banlieue. « La banlieue ma famille » lance celui qui n’a pratiquement jamais mis les pieds dans la banlieue .Il a été ridicule avec son discours
en français. Une compétition de présidentiabilité a commence avec une génération con…… cretin ". Qu’il
est difficile de participer de façon dépassionnée à des enjeux politiques
devenus mineurs à force de brouillages et mélanges dans les repères définissant l’état sénégalais et wadenne.
. Aux avant-postes, l’inénarrable idrissa seck était porteur d’un coup
marketing vite éventé: la critique du carriérisme politique comme rampe de
lancement politicien. Quelques pas en arrière, se dressaient des Brutus de
pacotille: le « politichien », appelant "renouveau" le
simple ajustement lexical aux politiques menées par ci et par la depuis vingt
ans, et, en orfèvre de l’opportunisme, djibo leyti ka, ayant cette fois retourné
sa veste pour de bon.
La nouvelle génération émergente
peut-elle en rester à ces potentialités restreintes? De manière inattendue, on
pourrait puiser des pistes dans la série des Spiderman. Le blockbuster
hollywoodien se présente comme une double invitation à la complication et à
l’imagination. Spiderman 1 contait la difficulté d’un individu falot à se
reconnaître comme un héros du quotidien. Dans Spiderman 2, notre gentil idiot
perdait temporairement ses pouvoirs et découvrait la faiblesse. Loin de la
focalisation sur les "rapports de force", ne pointait-il pas
l’exigence d’un rééquilibrage de l’action vers les valeurs éthiques, sociales et
culturelles?
Spiderman 3 explore la part obscure de notre héros ordinaire: attraits
asphyxiants de la renommée, du pouvoir et/ou de l’argent. A travers les effets
intérieurement désagrégateurs du ressentiment, il signale aussi les limites
d’une approche seulement négative et conspirationniste, à coups de boucs
émissaires faciles, de la contestation sociale. Il met en évidence que changer
le monde passe aussi par un travail sur soi. En contraste, se dessine une
éthique de la curiosité tâtonnante face aux possibles inscrits dans le réel.